Elisabeth BOSHANDREY : Une chose est sûre, elle ne se fera jamais récupérer par personne compte tenu qu’elle-même récupère tout…
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Elisabeth BOSHANDREY

Se lasse-t-on jamais du Sourire ?

Sa mère est morte. Son père l’a chassé de
l’atelier où elle vivait avec son enfant. Elle nomadise avec
un pied cassé.
Sa vie peut commencer.

Un jour
un pied cassé
lui a appris à marcher

Papier

A la rue, hébergée par les amis, elle reçoit,
comme seule aide de la mairie de Paris, un bon pour
du beurre gratuit ! Alors en riant, elle écrit :

Papier gris j’suis saisie
saisie quoi saisie qui
j’ai plus rien j’vous dis
papier gris j’suis saisie
papier jaune
bon pour du beurre gratuit
c’est gentil
c’est la mairie d’Paris
y’a qu’une chose
j’mange pas d’beurre
papier jaune

Drôle de vie
vie d’papiers vie d’cartons
j’croyais vous avoir rangée
pour mieux vous brûler
mais la vie ça m’poursuit
papier blanc
vie d’papiers
couleurs papiers
d’papiers mâchés
Pas pied

Fenêtres, portes et cafés

Assis devant la fenêtre de la cuisine il regarde la
respiration du marronnier. Le Temps coule à travers lui. Il
ne le retient pas.

Le ciel et moi on se regarde
une fenêtre nous sépare

Il boit du thé. Tout est bien. Où est parti le
Temps ? S’ennuyer il ne sait pas, car même quand il
s’ennuie, il jouit de cet ennui qui, alors, n’est plus ennui.
Il le goûte, l’observe, le déguste à petites secondes, celui-ci
disparaît et devient écoute. Depuis toujours, il apprécie
et recherche la solitude. C’est dans la solitude qu’il n’est
pas seul.

Les fenêtres murées comme des portes ouvertes
sur des questions non posées

Il y a des jours où parler il ne peut pas, voir du
monde il ne peut pas. Mais toujours, il y a dans sa
vie les livres qui lui sont des portes ouvertes sur d’autres
mondes à vivre. L’agitation sociétale ne l’a jamais
vraiment intéressée, pourtant il aime rencontrer des amis
et des inconnus. Il aime s’asseoir dans un café à la
rencontre d’autres vies, pour lui c’est un peu comme

s’asseoir dans la forêt pour écouter la vie des arbres et des
animaux. Les cafés sont les théâtres qui lui permettent,
dans cette vie, de vivre d’autres vies. Un café est une porte
ouverte sur le monde. Un lieu où rêver, observer, travailler,
rencontrer. Un lieu pour connaître d’autres vies, d’autres
goûts et, peut-être, se trouver. Il aime les moments où, seul
à la terrasse d’un café sur une toute petite place, il regarde
les arbres, les voitures, les passants. Dès que le soleil arrive,
Il est un lézard des villes. A Paris, il y a des lieux où le ciel
s’échappe pour prendre toute la place alors il s’y enivre.

Sous le regard de la nuit qui s’enrose
la rue se deshabille et pose
rue de la Grange-aux-Belles
chez Adel

A la Caféothèque, la table ronde près de la fenêtre
lui offre les bras d’un fauteuil où se poser et voyager. C’est
un lieu où les vagues de la mer se reposent.

Devant la glace
une grosse dame en rouge
se serre la ceinture
Angelina – 1er étage – rue de Rivoli

Au Rivolux un bon sandwich n’est pas du luxe ! Et
du Sélect à la Coupole elle prend un taxi pour faire pipi. Les
toilettes y sont si jolies !

Extraits:
« Balade Paris Ballades »
« J’ai allumé ma vie » 
(Edilivre)