Avec la « Tour Paris 13 », grand évènement autour du Street Art, qui vient de se terminer avec le succès que l’on sait auprès du grand public, l’art de rue a montré à grande échelle toute sa vitalité.
Confier des supports de création et d’expression, détourner la signalétique avec humour et sans dommage pour le mobilier urbain ou l’environnement, limiter les murs dédiés à la pub et ainsi ouvrir des espaces artistiques à ciel ouvert, c’est vivre la ville là où elle se fait et se défait. L’art de rue a toujours été un ferment de socialisation. Reconnaître cet espace d’expression, et travailler avec les artistes qui animent le tissu local, ouvre une fenêtre de dialogue avec les habitant-e-s.
Les grandes expositions font recettes à Paris, mais l’engouement public et médiatique pour la « Tour Paris 13 », montre à quel point la demande est grande aussi pour un art vivant qui investit les friches comme « les frigos », « la générale » ou autres lieux emprunts de vécu. Les artistes internationalement reconnu-es, qui y ont été exposé-es, ont tou-te-s à un moment ou à un autre commencé dans la rue, et il était miraculeux de voir une HLM vouée à la démolition, palpiter de façon éphémère l’espace d’un mois.
Assurer la vitalité de l’art de rue, c’est aussi éviter l’écueil de l’institutionnalisation, de la stérilisation de la rue et au final de la gentrification. Nous estimons donc que, s’il est nécessaire de légiférer et d’œuvrer à la gestion des graffitis sauvages qui abiment certaines façades ou magasins de nos quartiers, il est tout aussi vital de démultiplier les espaces d’expression libre. Murs aveugles, pignons sont une option.
Réduire drastiquement la place dédiée à la publicité en est une autre. La ville de Paris a fort heureusement limité une invasion massive des rues de la capitale par la publicité à travers le règlement local de publicité adopté en 2011 en Conseil de Paris. Mais beaucoup reste à faire. « La publicité autour des écoles sera limitée… mais seulement dans un linéaire de 50 mètres de part et d’autre de l’entrée principale de l’établissement scolaire. Le plafond des hauteurs du P.L.U. pourra être dépassé pour l’installation de publicités géantes d’enseignes et sur les toits-terrasses. Par ailleurs, la publicité sur les bâches décoratives de chantiers est désormais autorisée sur une surface de 16 mètres carrés. Elle ne pourra cependant pas être éclairée la nuit. Ouf ! »
Au moment où l’on nous promet plus de « capteurs d’audience », de publicité olfactive ou sonore, ou d’écrans numériques, il nous semble urgent de rendre la rue aux artistes et de redire haut et fort « Plus d’Art, Moins de Pub! »
Joëlle Morel, tête de liste EELV dans le 11e arrondissement de Paris
Christophe Najdovksi, candidat EELV à la Mairie de Paris