Arthur KANENGIESER : « Tout partait d’un constat : la planète meurt, les inégalités se creusent, on le sait, on regarde et rien ne se passe… »
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Arthur KANENGIESER

Je m’appelle Arthur KANENGIESER – « Kanengiz », une prononciation inattendue pour un sens qui l’est tout autant : « fondeur de cruches » en alsacien – et on m’a sollicité pour raconter un peu qui je suis, d’où ce bref portrait, tourné vers mes engagements. Rémois de naissance, je me suis installé à Paris à 18 ans avec de belles images et quelques clichés en tête, pour suivre des études scientifiques ; loin, dans un premier temps, du champ politique et associatif.

Je vis dans le 11e arrondissement depuis 8 ans. J’ai commencé à m’impliquer dans la vie de quartier via les 400 Coops, un supermarché coopératif qui venait de voir le jour. Le principe était simple : contre quelques heures par mois passées devant la caisse ou dans l’arrière-boutique, on pouvait acheter des produits – choisis par les membres, bio et locaux – à prix réduit. J’y ai passé une tête avec des amis, et puis j’ai fini par y rester 18 mois. Ce lieu était inspirant : on échangeait facilement avec l’ensemble des membres, et on construisait pas à pas un modèle alternatif auto-géré. Au-delà du supermarché solidaire, les 400 Coops est une vraie expérience de lien social et de convivialité entre riverain·es.

L’engagement a longtemps été pour moi une sorte d’animal difficile à appréhender. Il a pris de multiples aspects. Notamment une indignation profonde, et un refus de participer à l’émergence de l’empire Bolloré. Après mes études, j’ai travaillé dans le groupe Canal+, à la direction financière de iTélé. Une période douloureuse où j’ai vu une rédaction dont j’admirais le travail se faire démanteler pièce par pièce, avec violence. Malgré la grève qui avait duré un mois, les journalistes ont fini par partir (je leur ai emboité le pas). Puis iTélé est devenu CNews. S’en est suivi Europe 1, le JDD, etc. À chaque média sous la coupe du businessman idéologue, c’est un bout de démocratie qui se décroche de l’édifice républicain.

Je me suis ensuite essayé à plusieurs formes d’engagement, en tant que délégué du personnel ou au sein de quelques associations. Je suis notamment parti au Sénégal pour travailler avec les services départementaux d’une zone rurale près de la frontière gambienne. Les pluies se décalaient année après année, les périodes sèches s’allongeaient et les rendements agricoles diminuaient. Pour faire face, le département a souhaité diversifier son agriculture, historiquement dépendante de l’arachide, vers des céréales plus résistantes. Avec l’aide d’une association, je suis parti seul donner des formations bénévoles aux tableurs de calcul afin de monter des dossiers de financement. Une petite goutte, mais une goutte malgré tout.

J’ai ensuite adhéré à EELV fin 2021. Je n’y connaissais personne et je n’avais jamais milité pour un parti politique. Mais tout partait d’un constat : la planète meurt, les inégalités se creusent, on le sait, on regarde et rien ne se passe. Le constat scientifique est établi, les associations font un travail incroyable, l’opinion publique se sensibilise peu à peu… le frein venait du politique, d’où cet engagement à l’approche de l’élection présidentielle. J’ai commencé par distribuer des tracts, parler aux passant.e.s, débattre avec des militant.e.s, et puis… j’y suis resté. Même en ayant un sentiment initial de petit engrenage au sein d’une grande machine militante qui s’actionne pour propulser quelques-un.e.s dans des positions de responsabilité, cela me semblait important d’au moins y faire ma part. Le champ politique n’est pas parfait, mais il reste central pour lutter face à un système néolibéral destructeur, au sein duquel une minorité accapare toutes les ressources, naturelles comme financières. Durant ces périodes électorales, j’ai également pu rencontrer des militant.e.s formidables.

Aujourd’hui j’ai la chance d’être avec Michèle Priser co-secrétaire de EELV Paris 11. C’est un rôle passionnant, au sein d’un groupe local rempli de personnalités diverses, toutes investies par une volonté de changement, pour une société plus sociale et plus écologique. Espace public, zéro déchet, soutien aux commerçants, solidarités… grâce aux actions des élu.e.s et à l’engagement des militant.e.s, nous pouvons agir sur des aspects essentiels de notre ville, défendre nos idées, et sensibiliser au long cours sur les dangers qui pèsent sur la planète et notre démocratie.

« Dans le civil », je travaille dans le développement territorial au sein du groupe de la Caisse des Dépôts et des Consignations. Ce métier m’amène à aller d’un bout à l’autre de la France : Haute-Marne, Indre-et-Loire, Landes, Moselle, etc. pour soutenir les projets des collectivités locales. Je me suis notamment spécialisé dans l’accompagnement de projets culturels. Je suis fier de pouvoir œuvrer pour l’intérêt général, et particulièrement pour les territoires.