Longue soirée au lycée Marcel Déprez
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Jean-Marc Pasquet a publié sur son blog un article sur les conseils d’administration des lycées. Nous le republions ici.

 

« Tu devrais être plus présent dans les Conseils d’Administration de tes lycées » – un talentueux apparatchik salarié d’élu, lui-même élu.

Pour quelles raisons certains établissements pourtant aux caractéristiques proches « marchent » mieux que d’autres ? C’est au Conseil d’Administration (CA) du lycée électrique d’enseignement professionnel Marcel Deprez qu’en tant que représentant élu de la région, je méditais sur ce thème. Situé à deux bars de Bastille, cet établissement regroupe environ 450 étudiant-e-s issus de milieux populaires du nord-est parisien tout en intégrant trois groupes de « projet marine » en lien avec le Ministère de la Défense. En grandes difficultés il y a une petite décennie, ce lycée emmené par une dynamique communauté éducative enchaîne initiatives heureuses et innovations à la pointe (dans le domaine des énergies renouvelables par exemple) pour sa plus grande réussite.

Concerto pour piano n. 23, Mozart

A l’ordre du jour de ce CA du 13 novembre 2012 (une vingtaine de présent-e-s), les questions budgétaires. Sur un budget de près de 125 K€, les participations de la Ville de Paris et de la Région permettent de concrétiser la peinture de la façade, assurer la livraison d’une soixantaine d’ordinateurs, maintenir à un prix abordable (3,4€) le ticket de restauration scolaire. Ce soir, on prend la décision de changer d’opérateur téléphonique, le Plan Développement Durable est l’occasion d’évaluer les coûts d’une photocopie (0,0115€ hors électricité). On aborde l’intérêt de faire gaffe aux usages d’équipements fortement consommateurs d’énergie.

Le proviseur, M. Gruat, développe les partenariats : ici, la location de salles grâce au GRETA permet de récupérer 33 K€, là, une convention passée avec une association d’aide à des enfants autistes permet de mettre à disposition la cour de récréation et la salle de musculation largement utilisée par d’autres établissements alentours. En parallèle avec une recherche qualitative d’employeurs pour les stages, on décide de passer un accord avec une association d’aide à la rédaction de CV.

Longs échanges parents-élèves sur la mise en place d’un distributeur de préservatifs : faut-il conserver les 1000 euros pour une action SIDA-MST, mettre à disposition gratuitement à l’infirmerie ou prendre le risque de bombe à eau dans la cour ? C’est au Conseil de la vie lycéenne de trancher finalement le mois prochain. Madame Pehaut, proviseure adjointe présente la candidature de Déprez comme établissement pilote sur l’initiative régionale en matière de décrochage scolaire : 7000 élèves « sans solutions » à Paris mais pas sans recours désormais. On termine la séance en rappelant le rôle du sport : « c’est pas un hasard si ce sont les philosophes grecs qui ont parlé du rôle pour l’esprit ». Une soixantaine de licenciés dans le lycée pour 13 euros l’année seulement et un accès aux installations y compris à d’autres étudiants. On frôle la saturation. A Paname, « la pénurie des lieux de pratiques sportives nous met en difficulté pour assurer les 3 heures hebdos d’EPS obligatoires ».

Le Conseil Régional s’apprête à adopter son plan d’investissement sur les lycées : 2,4 milliards d’investissements pour les dix prochaines années intégrant la création de 3000 places d’internat, 350 millions de rénovations thermiques. Et ce n’est pas assez…